006 - Carnaval mythique



Tiens un Message Privé, et pas de n'importe quel internaute… L'admin en personne :
« Chère Méli, en tant que VIP vous êtes conviée à participer à un bal masqué. Pour l'occasion, la fête aura lieu à Paris sur le quai Saint-Bernard. La soirée est organisée à deux pas de chez nous ».
Mon conjoint vient aussi de recevoir le même en tant que nouvel internaute.
Nos regards se croisent et nous nous sourions… complices.
Et si nous y allions pour voir ? Nous nous lançons mutuellement un défi. Chacun de nous choisira son costume, sans le dire à l'autre. Nous ferons le trajet séparément.
Reste à voir si nous nous reconnaîtrons…
J’arrive dans la boutique du loueur, pour y choisir un costume Mon regard se dirige instinctivement vers un portique aux couleurs chatoyantes : rouge, vert, orange, bleue. C’est un camaïeu de couleurs qui s’offre à moi. Les matières semblent douces et légères. Finalement, une couleur me fait de l’œil. J’approche, décroche la robe, la touche. Elle a la douceur de la soie, la légèreté d’une plume.

Attirée, et subjuguée par cette couleur, je décide de la prendre ainsi qu’un loup et une mantille dans les mêmes tons. Je me dirige vers la cabine d’essayage et je me rends compte qu’ainsi déguisée on ne distingue pas du tout mes traits. Pour le trajet, je choisis une cape moirée bleu marine.
Intérieurement, je jubile certaine de gagner mon pari. Mon chéri connaissant mes goûts pour les châteaux et l’époque médiévale va certainement se douter d'un certain choix de costume. Nous verrons bien s'il me reconnaît ! J'en ris d'avance.
Je garde le déguisement pour sortir de la boutique et je mets la capuche sur ma tête. Un taxi m'emmène au lieu de la soirée.
J'y arrive avec un peu d'appréhension croyant ne reconnaître personne. Pas facile de reconnaître les gens avec qui l'on discute souvent alors que l'on ne connaît que si peu de chose d'eux.
Tiens au coin là-bas, entourée d'hommes, une femme charmante, yeux noisette avec un visage d'ange et un sourire magnifique. Je crois reconnaître quelqu'un.
Et enfin, je vois Sarah mon amie internaute. C'est assez drôle d'ailleurs, elle, si timide d'habitude, est resplendissante. Elle est accompagnée de Mickaël, son ami qu'elle a rencontré sur le site. Ils se sont bien trouvé ces deux, ils forment un couple magnifique.
Sur la piste, des couples s'enlacent, dansent et se frôlent. Entre certains, on sent presque la tension monter.
Curieuse, je continue l’observation silencieuse de tout ce petit monde qui bouge et s'émeut au son de la musique et des danses. Certains couples partent en riant sous cape vers le square Tino Rossi. Mais que vont-ils y faire ?
Les regarder m'amuse. J’aime autant observer les gens vivre que vivre moi-même. Je m'assieds sur une des marches. Un serveur me propose un verre. Moi qui ne bois jamais, j'accepte. Cela le trompera encore plus me dis-je. Il ne s'attendra pas à me voir une coupe à la main.
Soudain à l'autre bout de la piste, j'aperçois un homme seul, il porte un masque vénitien noir et or, un costume noir.
Grand, fière allure, charismatique, énigmatique, il regarde autour de lui, semblant chercher quelqu'un du regard. Je l'observe. Il m'intrigue. Tous les autres semblent en couple sauf lui. Quelque chose de magnétique m'attire vers lui. Je ne saurais dire ce dont il s'agit.

Je me rends compte qu'il m'observe aussi. Je sens son regard, dont je ne peux distinguer la couleur, me transpercer. Il me donne des frissons dans tous le corps. Est-ce lui, n'est-ce pas lui ? Difficile à dire.
D'un pas décidé, il traverse la piste rapidement en passant au travers des couples qui valsaient.
On aurait cru un oiseau fondant sur sa proie. Ah, je vais le reconnaître quand il va me parler.
Mais il se positionne devant moi qui suis assise. I il me tend la main pour m'inviter à danser sans un mot.
Je me lève. L’écart entre nos tailles semble le même. Nous allons sur la piste de danse. L'orchestre entame un slow langoureux « It s a man's man's man's world ».



La musique et la coupe de champagne sont grisantes. Je me laisse bercer dans ces bras au rythme de ses mouvements. Je me détends.
Petit à petit, je me retrouve plaquée contre lui. Mes seins frôlent son torse à travers les fines étoffes. Je sens ses bras caressants sur mes épaules et ma nuque.
Mes mains ont besoin de sentir le grain de sa peau, sa chaleur, sa douceur. Je les passe sous son habit pour le caresser délicatement le ventre d'abord, puis sur les côtés, doux comme de la soie pour finir le long de son dos.
Nous restons enlacés, pendant tout ce slow et les suivants. Je sens la tension monter. Le sang tape dans mes tempes. Je le sens aussi tendu que moi. Je ressens son envie grandissante contre mon bassin.
Je n'ai qu'une envie qui me trotte dans la tête, le faire craquer là, au milieu de cette foule que nous ne connaissons pas.
Ma main descend sur ses fesses pour le caresser encore plus doucement, voulant faire monter sa tension. Cela devenait de plus en plus excitant.
Ma main passe ensuite sur le devant, et se glisse discrètement dans son boxer. Je continue les mouvements doucement. Je le sens trembler de plaisir. Son souffle devient court. Il a du mal à respirer sous le masque.
Soudain c'est l'explosion, autant la sienne que la mienne. Je pose ma tête sur son torse. Je suis aussi haletante que lui.
Le temps de reprendre mes esprits, je le regarde puis je lui souris et je fais demi-tour. Je m'enfuis
Arrivée à la maison, je camoufle mon déguisement et sereine, je l'attends sûre de mon fait.
La clé tourne dans la serrure. Je le vois apparaître avec son masque à la main.
Je lui dis :
-          Alors la soirée a été bonne ?
-          Oui pas mal
Et là stupéfaite, je vois son masque. Je ne dis rien. Je suis même mortifiée. Je préfère filer me coucher.
Je culpabilise toute la nuit. Le lendemain en montant dans ma voiture, la porte étant ouverte, j'aperçois sur le siège passager un autre masque. Celui de l'inconnu de la veille qui avait été déposé là.



Poussant un « ouf » de soulagement, je me dis quel farceur il ne changera jamais celui-là…

Mélissa - 06.03.2012 

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